Le formidable essai du 29 Mai toujours pas transformé

La victoire du Non au référendum du 29 mai 2005 a constitué un événement politique considérable aussi bien par son ampleur que par son caractère inattendu, du moins si l’on veut bien attribuer quelque crédit aux sondages qui n’accordaient pas plus de 30 % des intentions de vote aux « nonistes » en début de campagne.
Dès le lendemain de ce large succès dans lequel le non de Gauche a représenté l’élément moteur et structurant, l’urgence d’un débouché politique s’est faite immédiatement sentir. Nombreux étaient celles et ceux qui ressentaient le besoin impérieux de transformer l’essai ainsi marqué de manière magistrale au grand dam d’élites stupéfaites de voir les citoyens oser s’autonomiser de la sorte à l’encontre de ce qui était présenté somme « la seule façon de bien voter ».

La nécessité et l’espérance d’un débouché politique

La demande s’inscrivait dans ce qu’avait réellement été la campagne référendaire. Elle se caractérisait par une méthode et un contenu porteurs d’une immense espérance au sein du peuple de gauche en capacité de promouvoir un renouvellement des pratiques politiques en vigueur. Le premier trait remarquable était le formidable élan unitaire qui vit des militants de sensibilités politiques diverses et variées faire tribune commune, ce qui paraissait impensable encore quelques mois auparavant. Le second élément déterminant résida dans l’implication stimulante de nombreux citoyens sans affiliations partisanes qui servirent d’aiguillon aux forces politiques institutionnelles. La dernière caractéristique significative se situa dans le désir très vif d’aller au fond d’une réflexion et d’un débat argumentés. En somme, la dynamique citoyenne unitaire et la demande d’argumentation se conjuguèrent utilement. Il en ressortit une tonalité originale et réellement novatrice : tout cela constitua le cachet de cette campagne référendaire.
Une fois de plus, le vote du 29 mai était sans la moindre ambiguïté et témoignait, non pas d’une forme de versatilité comme certains commentateurs auraient voulu le faire croire, mais d’une très grande cohérence : les Français récusaient avec fermeté l’orientation libérale qu’on voulait leur imposer plus ou moins subrepticement. Le non de Gauche se voyait invité à élaborer une traduction politique et électorale à cette lame de fond qui avait balayé sans ménagement la « bien-pensance » presque unanimement favorable à la ratification du traité constitutionnel. L’antilibéralisme devenait de la sorte le dénominateur commun d’une future construction.

Un rassemblement des forces antilibérales en vue de proposer aux électeurs des candidatures communes sur des bases unitaires fut très vite évoqué. L’unité restait une urgence afin non seulement de battre la droite mais surtout de réussir à gauche en mobilisant les clases populaires souvent désabusées par des politiques plus ou moins unilatéralement libérales et teintées de fatalisme. Autrement dit, il s’agissait de mettre en place une véritable alternative, pas de se contenter a minima d’une simple alternance réitérée à la faveur d’un effet balancier classique. Car pour réussir à gauche, il ne suffit pas de battre la droite, il faut aussi récuser les idées de droite où qu’elles se trouvent, y compris à gauche ! Et on sait pertinemment que le libéralisme s’est insinué sans discontinuer dans les rangs de la gauche, même dans les divisions se voulant les plus maximalistes de celle-ci… Pour l’occasion, dans la suite du 29 mai, il ne fallait pas manquer d’ambition si l’on voulait réaliser effectivement cette alternative majoritairement souhaitée par les Français.

Un amenuisement progressif de la dynamique unitaire

Le prolongement de cette dynamique du 29 mai doit nécessairement trouver une concrétisation immédiate dans le champ politique, car il s’agit d’une des seules possibilités véritablement crédibles d’offrir une alternative suffisamment solide à la déferlante d’une mondialisation effectuée sur des bases libérales. C’est pour cela qu’il est extrêmement important que l’unité soit la plus large possible, reprenant la diversité des composantes de gauche qui avaient animé la campagne référendaire. L’unité qui doit en ressortir ne doit pas être le moins du monde rabougrie, sans quoi tous les acquis de la campagne risqueraient d’être irrémédiablement perdus.
Or, premier motif d’inquiétude, on a assisté à un rétrécissement de l’éventail des comités du 29 mai qui ont pris le relais des comités pour un non de gauche. Il y a eu une déperdition, si l’on ose s’exprimer ainsi, aux deux bouts du spectre politique : les militants de la tendance majoritaire de la LCR ne se sont pas inscrits dans cette démarche unitaire, les militants socialistes, à de rares exceptions près, sont rentrés au bercail. Pour ces derniers, dont l’apport au cours de la campagne après s’être affranchis en conscience et courageusement de la discipline de parti s’était avéré précieux et déterminant, il existe des raisons à la fois aggravantes et atténuantes à ce changement de cap.

Circonstances aggravantes que fut le vote de la synthèse finale lors du Congrès du Mans dont la finalité résidait dans la volonté sourde des partisans du oui de reléguer au second plan le clivage relatif à la fameuse « concurrence libre et non faussée » qui structurait le traité constitutionnel rejeté par les électeurs français, et dont nous estimons qu’il ne saurait être valablement occulté dans une perspective de construction d’avenir. Pour compléter les motivations ayant conduit à cette fameuse synthèse, on pourrait rajouter quelques calculs de pure tactique politique chez certains éléphants (en fait il serait plus juste de parler a posteriori d’illusions au vu des résultats des primaires qui ont désigné la candidate socialiste pour les élections présidentielles…). Circonstances atténuantes que les divisions et les tactiques divergentes, assez nettement perceptibles dès le lendemain du 29 mai, au sein des comités ont représentées : il faut aussi d’un certain côté comprendre les militants socialistes dans leurs réticences à s’affranchir des orientations prises par leur formation politique pour se lancer dans une aventure pour le moins incertaine dans une structure quelque peu désunie poursuivant des objectifs pas toujours clairement définis.
Dans cette regrettable spirale de rétrécissement, on ne saurait faire l’impasse sur la situation interne qui caractérise ATTAC. La dynamique association altermondialiste avait décidé de faire une entorse (particulièrement bienvenue et judicieuse à notre sens) à ses règles de fonctionnement en se lançant pour la première fois dans la bataille électorale pour une cause jugée à juste titre d’intérêt général. Les dissensions internes du moment présent ont accaparé l’essentiel de l’énergie de ses militants en en privant à de rares exceptions près les comités du 29 mai. Une source de la vitalité citoyenne s’est ainsi malheureusement asséchée.

L’impasse de la stratégie des « 3 B »

A cela est venue se rajouter une erreur stratégique majeure. Aux premières semaines des débats relatifs à la nécessité de proposer des candidatures communes aux échéances électorales de 2007 et 2008, on a crû bon de galvaniser les esprits par un slogan au premier abord séduisant et percutant. Tout devait se jouer, clamait-on aux différentes réunions des collectifs, entre les 3 B : Besancenot, Buffet et Bové. Soi-disant un gage de mobilisation garantie… C’était un contresens grave et méconnaître ce qu’avait été fondamentalement le 29 mai. Sa vocation était d’être majoritaire à gauche, pas du tout de se réduire à une vocation de témoignage de la persistance d’un courant antilibéral certes vivace mais condamné à rester malgré tout minoritaire. Cette unité là était en définitive passablement rabougrie. Et encore ce repli aurait été notablement aggravé par l’invitation faite par Olivier Besancenot de se faire une « bouffe à quatre », en y incluant Arlette Laguiller, afin de régler la question. C’eut été alors consacrer la fermeture à de nombreux pans de la gauche sans lesquels aucune majorité crédible ne peut être envisagée.
Cette optique reposait sur une analyse erronée de la situation de la gauche. Le clivage ne sépare pas une gauche labellisée antilibérale, souvent autoproclamée de manière expéditive comme telle, et un parti socialiste gagné au social-libéralisme sans aucune nuance. La ligne de démarcation, de surcroît poreuse, passe au contraire à l’intérieur du parti socialiste, la campagne référendaire ayant démontré l’existence de cette césure, d’autant plus vive que la majorité des militants socialistes sont hostiles à la vision libérale à laquelle les directions successives se sont ralliées depuis une vingtaine d’année (le fameux tournant de 1983 constituant à cet égard un repère chronologique pertinent). Nous pourrions aussi préciser qu’aucune formation politique n’est immunisée de ce genre de dérive idéologique. D’ailleurs, il convient d’affirmer clairement qu’il ne s’agit pas seulement de rassembler la gauche antilibérale (objectif a minima), mais d’avoir davantage d’ambition que cela : le but reste de rassembler la gauche (du moins ce qui peut l’être, ne soyons pas naïfs à notre tour) sur des bases antilibérales. C’est à la fois nécessaire et possible, en tout cas la condition sine qua non pour être majoritaire à gauche dans un premier temps, puis dans l’ensemble du pays dans un second temps.

Le centre de gravité de cette démarche unitaire et antilibérale ne se situe pas entre le PC et la LCR (que de fois n’avons-nous entendu que le candidat idéal se trouverait à mi chemin de ces deux formations politiques !). Cette vision est trop restrictive, ne prenant pas en compte la grande diversité des composantes impliquées dans la démarche engagée et les attentes des nombreux citoyens n’appartenant à aucun parti politique. Il faut également veiller à ne point confondre adhérents, militants et citoyens. Chacune de ces catégories possède ses attentes, ses pratiques, ses particularités et son histoire militante propres. Rien ne sert de vouloir brusquer les uns ou les autres dans le but d’uniformiser des positions dont la richesse se niche dans la pluralité des approches.
Ne nous cachons pas que l’intérêt d’une telle démarche réside dans la volonté, non feinte, et dans la capacité, non illusoire, d’accéder aux responsabilités afin de gouverner pour changer la donne. Réussir à gauche est l’objectif central et la finalité ultime. Mais réussir avant et après à la fois. Réussir avant (d’arriver au pouvoir) en inversant le rapport de force au sein de la gauche en faveur des forces antilibérales au détriment du social-libéralisme. Réussir après (être arrivé au pouvoir bien évidemment qui reste le but) en ne décevant pas les espérances entretenues par la dynamique populaire du 29 mai. A cet égard, l’injonction, voire l’ultimatum, de la tendance majoritaire de la LCR à l’adresse du parti communiste, mettant en balance la possibilité de parler d’éventuelles candidatures communes contre l’engagement résolu à ne jamais participer à un gouvernement avec des socialistes, quels qu’ils soient, nous apparaît dérisoire et suicidaire, en tous les cas en parfait décalage avec les aspirations citoyennes exprimées lors de la campagne de l’an passé.

Les idées républicaines et sociales réduites à la portion congrue

Les idées républicaines et sociales doivent être prises en compte à leur juste valeur, c’est-à-dire bien davantage que ne le fait actuellement la version du projet intitulé « Ce que nous voulons ». Elle comporte trop d’insuffisances ou de motifs d’insatisfaction. Plusieurs exemples significatifs peuvent être évoqués à titre de démonstration.
Malgré de nombreux amendements proposés, la laïcité n’est évoquée que très rarement, en aucun pour lui reconnaître une valeur fondamentale, une fois même sous l’expression dilatoire de « laïcité ouverte sur la société » dont ne sait que trop bien ce qu’elle signifie en filigrane. La vision de l’Ecole qui s’en dégage est également lourde de menaces et ne sera pas de nature à relever cette institution majeure de la République, la confusion entre démocratisation et massification laissant libre cours à une gestion libérale (un comble pour un rassemblement se voulant résolument antilibéral) dont on a que trop perçu les effets négatifs, même (et surtout devrait-on préciser…) quand on s’évertue à les masquer sous des discours maximalistes.
Devant la déferlante de la mondialisation libérale, la méfiance envers l’Etat que l’on peut déceler à certains paragraphes constitue un handicap certain. Sur la question cruciale, car à la fois éminemment idéologique et pratique, de la régulation, des aggiornamentos s’avèrent nécessaires. Face aux lois du marché, le seul recours reste les lois de la République que les pouvoirs publics sont censés garantir dans le sens de l’intérêt général. Le travail, en tant que valeur de gauche dépositrice d’une longue tradition ouvrière, risque de ne pas être considéré à sa juste valeur. La vision géopolitique qui se dégage du texte apparaît certes fort généreuse mais aussi particulièrement naïve et inadaptée aux réalités du monde actuel.
La question, pourtant centrale car conditionnant la mise en pratique effective des mesures préconisées, des moyens financiers manque de clarté et de consistance quant aux marges que nous possédons dans le cadre de l’économie mondiale. Des précisions se révéleront indispensables. Enfin, ce texte apparaît comme un catalogue de bonnes intentions souvent fondées, mais dans cette litanie de propositions il manque une hiérarchisation afin d’établir clairement en quoi consisteront les priorités d’une future action gouvernementale.

Cette non reconnaissance des idées républicaines et sociales à leur juste mesure était en germe dans les conditions dans lesquelles s’était déroulée la campagne. Pour unitaire qu’elle avait pu être elle n’en avait pas moins été entachée de quelques exclusives particulièrement regrettables et malvenues. Dans certains cas et certains endroits (mais pas partout ni par tout le monde), des préventions, voire des veto relevant plutôt de l’oukase, s’étaient exprimées à l’encontre des chevènementistes au motif spécieux de ressentiments personnels ou de confusions entre souverainisme et défense de la souveraineté populaire. Pourtant, force est de reconnaître que les amis de Jean-Pierre Chevènement auraient pu se targuer d’une certaine antériorité dans la critique du double déficit social et démocratique que mettait en exergue le texte concocté par Giscard. Tout le monde n’avait pas pointé avec la même acuité les conséquences du tournant libéral et européiste de 1983 ou ne s’était engagé avec autant de conviction contre le traité de Maastricht en 1992 !
Les idées républicaines et sociales représentent un point d’équilibre irremplaçable afin de donner cohérence et stabilité à un éventuel projet alternatif de gauche. Leur fonction est double : rappeler en quoi consiste l’exigence républicaine que certains braderaient sans vergogne, maintenir intacte l’ambition de transformation sociale que d’autres jugeraient de manière abrupte dépassée. La refondation de la gauche passe nécessairement par l’articulation de ces deux éléments.

Une démarche hésitante et non exempte d’arrière-pensées

Des Collectifs d’initiative pour un rassemblement antilibéral de gauche et des candidatures communes se sont constitués, non sans heurts et hésitations. Mais leur grand mérite a été d’exister, ce qui n’allait pas forcément de soi initialement. Malheureusement, des grains de sable dans le fonctionnement des collectifs et le mode de désignation des éventuels candidats sont venus enrayer une initiative méritoire.
En ce qui concerne le fonctionnement, il est nécessaire avant tout d’éviter un double écueil opposé. La défiance envers les partis politiques ne doit pas conduire à les écarter par principe, mais symétriquement les collectifs ne peuvent se transformer en cartels de partis dans lesquels les égoïsmes, forcément restrictifs, des partis (car partisans au sens étymologique du terme) prendraient le pas sur l’intérêt général. La candeur ne saurait être de mise pour l’occasion : les arrière-pensées existent et commandent bien souvent aux positionnements stratégiques adoptés. Ce qui en soi ne constitue pas véritablement un scandale, mais ne doit pas obérer ce qui a été préalablement déterminé : élaborer une alternative unitaire crédible sur des bases antilibérales.
Quant au contenu, un double danger, lui aussi symétrique, est à prévenir. Il serait en totale contradiction avec l’effort de réflexion noté lors de la campagne référendaire de reléguer au second plan, voire d’éluder purement et simplement, la question du contenu programmatique à promouvoir. Mais lui accorder une importance exclusive ou disproportionnée, notamment par l’entremise d’une surenchère maximaliste, serait aussi malvenu et improductif : le contenu ne doit être un os à ronger pour les militants de base tandis que les stratégies seraient déterminées au sommet par une minorité de cadres militants aguerris.

Pour les élections, la première nécessité est de lier, tout les distinguant par leurs spécificités, les élections présidentielles et les élections législatives (sans oublier les municipales ou les cantonales à venir pour 2008). Chacune possède ses impératifs tout en procédant d’une logique identique : offrir une alternative crédible. Ainsi, aux présidentielles, une candidature commune devrait se situer au centre de gravité du spectre politique représenté dans la démarche afin d’être à la fois acceptable par chacun et représentative de l’ensemble, tandis que pour les législatives il est impératif que les candidatures communes soient suffisamment diverses pour que chacune des forces politiques soient représentées et qu’ensemble tous ces candidats constituent une moyenne équilibrée. Un candidat « moyen » pour les présidentielles, une « moyenne » de candidats pour les législatives, le tout pour créer les conditions optimales d’un large rassemblement, voilà en définitive les termes de l’équation à résoudre pour les collectifs. Une alchimie certes complexe mais pas insurmontable pour peu que la volonté et la sincérité eussent été au rendez-vous.
La méthode de désignation doit aussi se garder de plusieurs pièges en apparence contradictoires. Il ne saurait y avoir de désignation par un aréopage de personnes s’autorisant à détenir et à exercer une telle responsabilité dont de très nombreux militants seraient de fait arbitrairement dessaisis. Si l’option du « cartel d’en haut » est loin d’être satisfaisante, celle d’un « basisme » pour le moins éculé recèle une multitude dangers. Cette vision de ce qui est en réalité une parfaite incarnation d’une « fausse démocratie » conduirait à un dévoiement et à une confiscation de l’implication citoyenne depuis près de deux ans. Chacun sait qu’il est assez facile de convoquer le ban et l’arrière-ban de tous les militants, sympathisants, employés municipaux ou autres compagnons de route pour chauffer à blanc une salle de quartier ou de village afin de donner l’impression d’une adhésion sans faille à un candidat en particulier. Pour ce prémunir de cette double dérive, il aurait fallu renforcer le rôle de coordination et d’harmonisation de l’échelon départemental. Ce choix n’a pas été fait en conscience : les calculs politiciens et les arrière-pensées étriquées ont pris le dessus.
Le mode de scrutin pour désigner les candidats a fait l’objet d’âpres palabres. La méthode retenue, celle du consensus, paraissait séduisante au prime abord. Mais sa mise en application s’est avérée ardue. Le consensus se situe quelque part entre la majorité et l’unanimité. Difficile de dire où précisément… La question est de déterminer également dans quelles conditions peut-on utiliser un éventuel droit de veto si l’on considère que la décision est véritablement inacceptable en posant un cas de conscience qui nierait son identité même. Il va de soi que l’usage du veto doit être particulièrement exceptionnel et ne doit arriver qu’en toute extrémité. Pour paraphraser Churchill, la méthode du consensus était pour l’occasion certainement la pire, à l’exception de toutes les autres. Les possibilités de blocages sont fréquentes, en conscience ou de mauvaise foi. Mais elle avait l’intérêt de permettre de jauger le degré de sincérité des uns et des autres.

Vers un constat d’échec ?

Le non de gauche unitaire doit impérativement trouver une traduction politique et électorale, à condition bien entendu que celle-ci débouche sur une véritable alternative dans des délais raisonnables, et ce sans attendre une hypothétique situation révolutionnaire pour changer la vie quotidienne. A travers cette visée, l’enjeu qui nous est proposé est la refondation d’une gauche de gouvernement sur des bases républicaines, sociales, laïques et antilibérales. C’est à ces conditions idéologiques seulement que les fondations seront suffisamment solides.
La notion d’équilibre aurait dû gouverner cette démarche unitaire sans précédent (mais la campagne du 29 mai 2005 fut elle aussi sans précédent et cela ne constitua pas le moindre du monde un problème, mais bien au contraire une force d’où elle puisa son élan vital). Or ce n’est pas le choix vers lequel on s’achemine. Le problème fondamental réside dans le fait que les collectifs actuels sont des structures qui rassemblent beaucoup moins que les comités de campagne. Le poids est appareils a repris le dessus tandis que la course aux médias et aux artifices de la communication par ailleurs abondamment et justement dénoncée a été lancée très vite par les uns et les autres.
C’est pour cela que l’état actuel de la démarche engagée n’est pas satisfaisant et ne semble pas en mesure de transformer le formidable essai collectif pourtant aplati entre les poteaux le 29 mai 2005. Ceci est fort regrettable quand on sait que seul le prolongement de cette unité sans exclusive et responsable aurait pu servir d’antidote au vote utile qui s’annonce, et qui bien souvent, n’est qu’un vote totalement futile. La voie était pourtant toute tracée : gagner l’unité, gagner l’élection, gagner l’alternative, voilà la triple exigence à la quelle nous étions conviés. Exigence signifie que rien ne doit être bradé ni sur le fond ni sur la méthode qui avaient caractérisé l’éclatante victoire du 29 mai 2005.

Francis DASPE
Membre de l’AGAUREPS-Prométhée
(Association pour la Gauche Républicaine et Sociale – Prométhée)
Novembre 2006

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